Cheilosiini sp

Les Cheilosiini constituent une petite mais remarquable tribu de syrphes appartenant à la sous-famille des Eristalinae. Ils se distinguent par leur aspect sombre et peu typique des syrphes, rappelant souvent davantage des guêpes solitaires ou de petites mouches empidides que les syrphes vivement colorés et familiers des fleurs. Leur coloration discrète et leurs mœurs plutôt secrètes expliquent que nombre d’espèces passent facilement inaperçues.

La tribu est dominée par le genre Cheilosia, l’un des plus vastes genres de syrphes de la région paléarctique, avec plus de 300 espèces décrites. Cela fait des Cheilosiini l’un des groupes les plus diversifiés de syrphes en Eurasie tempérée. Les adultes présentent généralement un corps noir mat, bronze ou gris sombre, parfois légèrement pruineux, avec peu ou pas de dessin abdominal marqué. Le visage est souvent plus saillant que chez d’autres Eristalinae et les antennes relativement allongées. La nervation alaire correspond au plan eristalinien classique, mais les ailes sont souvent plus claires et moins marquées que chez les tribus voisines.

Les larves constituent l’aspect le plus original de la tribu. Beaucoup d’espèces de Cheilosia se développent dans des champignons, en particulier les carpophores de polypores tels que Fomes ou Ganoderma. D’autres vivent comme mineuses internes de plantes, attaquant les tissus de diverses espèces végétales — chardons, renoncules, saxifrages, plantains — et provoquant parfois des galles ou des galeries internes caractéristiques. Cette double spécialisation, fongicole et phytophage, est inhabituelle chez les syrphes, dont les larves sont plus souvent aquatiques, saprophages ou prédatrices de pucerons. En conséquence, les adultes sont surtout rencontrés dans les boisements humides, les clairières ombragées et les haies riches en plantes-hôtes ou en champignons.

Bien que discrets, les adultes visitent les fleurs, préférant généralement des fleurs modestes comme celles des Apiacées ou des Astéracées, et on les observe fréquemment posés sur les feuilles ou les troncs d’arbres. Leur vol est léger et agile, mais moins stationnaire et plus furtif que chez de nombreux autres syrphes.

Sur le plan taxonomique, les Cheilosiini forment un groupe bien établi au sein des Eristalinae, distinct des tribus plus connues comme les Eristalini (mouches-drone) ou les Brachyopini saproxyliques, ce qui reflète leurs rôles écologiques particuliers.

 

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