1 nov. 2025

La mission d'Augustin en Angleterre 597

Submitted by Galswinthe
samedi, July 1, 0597

À la fin du VIe siècle en Angleterre, le christianisme avait largement disparu après les invasions anglo-saxonnes. Les Anglo-Saxons étaient païens, bien que quelques communautés chrétiennes aient subsisté en Grande-Bretagne celtique (surtout au nord et à l'ouest).12

Le pape Grégoire Ier souhaitait convertir les Anglo-Saxons à l'Église, à la fois pour le salut des âmes et pour étendre l'influence du christianisme romain. Augustin, prieur du monastère Saint-André de Rome, fondé par Grégoire, et quarante moines se rendirent en Grande-Bretagne en 596. Ils traversèrent la Gaule et, dans un premier temps, Augustin, découragé, tenta de retourner à Rome, mais Grégoire l'encouragea à poursuivre son voyage. Augustin débarqua dans le Kent en 597 (la date exacte est inconnue). À son arrivée, il envoya des messagers au roi Æthelberht, lui annonçant qu'ils venaient de Rome avec la bonne nouvelle de la vie éternelle.

Æthelberht se montra d'abord prudent et leur ordonna de rester sur l'île jusqu'à ce qu'il décide de la marche à suivre. Le roi Æthelberht était marié à Berthe, une princesse chrétienne franque. La foi de Berthe et la présence de son aumônier, l'évêque Liudhard, adoucirent l'attitude du roi envers Augustin et ses moines. Selon Bède, lorsqu'Æthelberht accepta finalement de les rencontrer, le roi insista pour que l'entretien ait lieu en plein air, craignant que leurs "incantations" (c'est-à-dire leurs prières) ne lui nuisent si elles étaient prononcées à l'abri.

Augustin et ses moines s'approchèrent en procession, portant une croix d'argent et une image du Christ sur une planche peinte. Ils chantèrent des litanies, priant pour le salut des habitants du Kent. Augustin prêcha à Æthelberht la foi chrétienne et la vie éternelle. Bien qu'il ne se soit pas converti immédiatement, Æthelbert se fit baptiser peu après, ce qui constitua un immense succès pour la mission et ouvrit la voie à une conversion plus large des Anglo-Saxons du Kent.

Æthelbert autorisa Augustin et ses compagnons à s'installer à Canterbury, sa ville royale, et leur mit à disposition une ancienne église (Saint-Martin, déjà utilisée par la reine Berthe pour le culte). Ils y commencèrent à prêcher, menant une vie simple, et de nombreux habitants se convertirent.

Lorsque les missionnaires d'Augustin demandèrent au pape Grégoire comment gérer les sanctuaires et les pratiques païennes en Angleterre, Grégoire préconisa une adaptation progressive et apporta une réponse pratique et pastorale (rapportée par Bède, Histoire ecclésiastique, Livre I, Chapitre 30):3

Dites à Augustin qu'il ne doit pas détruire les temples des idoles parmi ce peuple, mais que les idoles qui s'y trouvent soient détruites ; qu'on y prépare de l'eau bénite et qu'on l'asperge dans les temples, qu'on y installe des autels et qu'on y dépose des reliques. Car si les temples sont bien construits, ils doivent se convertir du culte des démons au service du vrai Dieu. Ainsi, le peuple, voyant que ses temples ne sont pas détruits, viendra plus volontiers dans les lieux qu'il fréquente et, connaissant l'endroit, y adorera le vrai Dieu.

Et comme ils ont coutume d'immoler de nombreux bœufs en sacrifice aux démons, il convient de leur accorder une certaine solennité en compensation. C'est pourquoi, le jour de la dédicace, ou lors des fêtes des saints martyrs dont les reliques y sont déposées, qu'ils construisent des cabanes de branchages autour de ces mêmes temples une fois convertis, et qu'ils célèbrent la solennité par des festins religieux. Ils ne doivent plus sacrifier d'animaux au diable, mais les tuer pour leur propre nourriture, à la gloire de Dieu, et rendre grâce au Donateur de toutes choses. Ainsi, s'ils sont autorisés à goûter aux plaisirs extérieurs, ils consentiront plus facilement aux joies intérieures. Car il est impossible d'extirper d'un seul coup les désirs d'un cœur endurci, puisque celui qui aspire à atteindre les sommets s'élève progressivement, pas à pas, et non par bonds.

 

L'approche de Grégoire en Angleterre était pragmatique et pastorale, conçue pour une population peu familière avec le christianisme et un souverain susceptible de le rejeter. En France, l'Église pouvait s'appuyer sur l'autorité royale ; la destruction était donc à la fois envisageable et politiquement avantageuse.